Sunday, May 26, 2013

Katmandou moods


 
Mais je me perds. Revenons à Katmandou, au Népal, au sommet du monde comme ils disent ici. Qu'est-ce que je fais ici? Depuis combien de temps suis-je ici? Vous me direz que cela paraît bien exotique, Katmandou, le Népal, ces noms font partie de ces images de fantaisies dont se nourrissent les cartes postales. L'occident rêve de simplicité retrouvée, de nature sauvage, d'indigènes en paix avec la terre. L'orient rêve du contraire, l'orient rêve de luxe, de confort, de liberté. Dans le fond, on rêve tous de ce que l'on n'a pas, et c'est peut-être cela le rêve, une forme de désir, une mémoire d'une autre vie, d'autres possibilités. Mais ce ne sont que des mots, qui sont bien loin de la réalité de tous les jours...
 
 
 
Dans la réalité, il n'y a rien d'exotique à vivre à Katmandou, ou en tout cas pas plus exotique qu'un autre coin du monde. Cela fait assez d'années que je vis au Népal pour savoir que la vie y demeure ce qu'elle est partout. Le matin je me réveille, bois mon thé ou café, vais aux toilettes, le réveil se fait, et les journées passent. Les mois défilent, les années, les vies, les gens qui vont et viennent, chacun avec ses questions, ses douleurs et bonheurs, bref, rien de vraiment exotique. Le miracle de la vie demeure le même, ici ou là-bas, c'est la vie comme on dit.
 
 
Oh bien sure, Katmandou est une ville superbe, une de mes préférée au monde. J'aime à marcher dans ses rues, des journées entières. Des temples aux métaux gravés, aux fenêtres de bois, au chatoiement des tissus qui réveillent les sens comme des papillons de couleurs flottant dans les rues. Les ustensiles de cuivre qui brillent au soleil, les perles de verres. Des rues la vie grouille, bains de foule, j'aime à m'y perdre. Cela fait 6 ans maintenant que je m'y perds, que j'y bois du thé assise dans la rue sur un tabouret.
 
Et je l'aime cette ville, tous les jours un peu plus, comme tout amour, il ne peut que grandir. De mon coin du monde, je regarde la vie passer, sachant que dans quelques années, les papillons auront échange leurs ailes colorées pour des jeans et t-shirts. Je regarde les nouveaux bâtiments manger le vieux bois sculpté, des tours en verre ennuyeux remplacent le travail de métal des anciens dieux. Le temps passe, que l'on court après ou pas, et comme un grand magicien, il échange formes et couleurs, comme pour mieux nous tromper, nous faire oublier papillons qui dansaient il était une fois.
 

Oh bien sure, les montagnes sont belles. De ma fenêtre, l'Himalaya m'offre son spectacle journalier. Le soleil, le même que sur le reste de la planète brille dans le ciel bleu ou gris, comme partout. A ce qu'il parait ces montagnes sont très fortes, elles sont magnétiques, des cristaux vivants. Je n'en doute pas, et je suis sure que certaines personnes ressentent quelque chose de spécial venant dans ces montagnes. J'ai même vu des gens sentir des cristaux, comme si la pierre transparente leur parlait. Dans un magasin à Bodhnath, un marchand m'a mis dans une main un œuf en cristal, dans l'autre un œuf en verre, me demandant de deviner lequel est quoi. Bonne réponse, je sentais le cristal vivre alors que le verre est plus froid. Je sens des trucs, mais je trouve cela juste normal.

 
Je ne sens rien de plus dans ces montagnes, ou plutôt partout ou je suis-je sens des trucs, je trouve cela normal. Partout la vie prend ses mille et une formes, elle se part des océans aux yeux bleus, de monts enneigés comme les cheveux blancs des vieux, de désert aux cheveux fins et blonds. Partout la Lune brille et décline jusqu'à devenir le sourire du chat dans Alice au Pays des Merveilles, le sourire de Shiva, pour disparaitre et recommencer son cycle. De l'autre côté, son frère amant mari, Mr Soleil continue sa course, il tourne le roi Soleil. Il y a des gens qui disent sentir la Lune. Ici, quand je ne sourie pas, les hommes regardent la Lune "ah oui, c'est la pleine Lune, ça passera" ils disent en pointant au ciel. 
 
 
Mes humeurs, comme celle de toutes les femmes, s'expliquent par les mouvements de la Lune. Cette image poétique évite aux hommes de se demander si peut-être ils ont fait quelque chose qui a pu mettre la femme en colère, tout en reflétant une image mystérieusement belle parce que floue sur ce qu'est la femme. Messieurs, soyons sérieux une minute, s'il vous plaît, si la Lune a ses effets sur le corps humain, parce que les corps biologiques sont fait d'eau, et la Lune agis entre autres sur l'eau, alors, l'homme autant que la femme sont sujettes à ses mouvements. Même, si la Lune a ses effets, je n'ai jamais rien senti. Mes humeurs changent comme les nuages dans le ciel, et ça passe, le ciel bleu revient, les moussons, les tonnerres et nuages, puis le ciel bleu revient. Ce ne sont que des humeurs, elles aussi passeront, alors je ne m'y attache pas trop....


Originalement publié ici.

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