Tuesday, July 9, 2013

Félibrée


Il était une fois, et une fois il n’était pas, un village d’irréductibles gaulois. Ces êtres vaillants et forts vivaient en paix, et…Ah, non pardon, voila que je me trompe d’histoire ! 


Et pourtant, j’ai bien eue l’impression d’avoir franchie une porte donnant  à une autre dimension durant ce week end de la Fée Libre, à Bergerac. La culture Occitane est célébrée, la langue d’Oc est chantée avec toute son histoire et sa fierté colorée pour le plaisir des jeunes et des anciens. C’est le temps des troubadours sortis d’un autre temps, le temps de la danse et de la bouffe, c’est la Fée Libre.
 « Vos soati a totas e a tots de passar non mas de bons moments emb naustres dins aquel ranvers del Perigord !»




Cette année, c'est la 94 ieme fois que la Fée revient dans un village différent, avec ses hordes d’artisans et de métiers anciens, ses musiciens et ses délicatesses culinaires. Bien sure, étant dans le Périgord, le mantra du canard ne cesse de se faire entendre. Confis, magrets, pâté, fois gras, rillettes, le canard se conjugue à tous les temps, accompagne de ses petites patates revenues dans la graisse…de canard évidement, sans oublier, bien entendu, sa fameuse tarte aux pommes ! Rajoutons un peu de potion magique, sous formes de Petcharmant, de Monbazillac, ou d’autres vignobles qui donnent une renommée mondiale à la région, et le tour est joué, la magie opère, et on se laisse bercer le soir, à l’air frais de la Dordogne qui passe sur le petit port. 



La dernière fois que la Fée Libre est apparue à Bergerac, il y a de cela 20 ans. En 20 ans, la ville s’est rajeunie, les mœurs ont changés, et pourtant…il était une fois était bien présent durant ce week end de fête. Oh, on les entendra les « Il n’y avait pas assez de vieux métiers représentés! Avant c’était mieux », les « l’espace était trop grand, c’est mieux dans les petits villages », et les classiques de « c’était nulle, y’avait rien ! », ou bien les plaintes de commerçants : « les gens viennent que pour bouffer et boire, ils achètent rien, ils regardent c’est tout », « trop de monde, pas assez de monde » et puis « il fait trop chaud ».




Quand à la nouvelle plainte à la mode de nos jours modernes :" Et puis c'est trop commercial!!", je me demande alors dans quels rêves utopiques les choses n’étaient pas avant toutes commerciales? Décidément, l’ephemerite des choses peut nous rendre bien nostalgique. La vérité, c’est que les temps changent avec les saisons, c’est comme ça, c’est tout, et cela on n’y peut rien. C’est peut être aussi que les jeunes d’aujourd’hui s’en foutent de la Fée Libre et autres histoires de grands-mères. La jeunesse étant plus intéressée par les soldes et la dernière teinte de rouge à ongles et autres jeux vidéos que par la langue de leur ancêtres. C’est ce que la tv leurs vends, comment être en colère contre cette jeunesse désabusé ? Et puis : « l’entrée est 3 euros samedi et 5 le dimanche, vais pas payer pour me balader ou j’habite ! Et puis m’en fout, c’est nulle de toute façon ». La jeunesse est ce qu’elle est, un signe d’une époque, une époque ou un téléphone dernier cri est bien mieux que le passe sortis de cahiers jaunis et livres ennuyeux parce que sans effets spéciaux. Et si vous trouvez cela triste, cela n’y change rien, c’est comme ça. Regardez autour de vous : il n’y a plus de charrettes et les sabots, c’était pas confortable. Alors, mieux vaut accepter ce changement permanent. Le rêve, c’est ici et maintenant que ça se passe, jamais ailleurs.



Moi, je m’en fout d’avant ou d’après. C’est ici et maintenant, c’est tout, et c’est bien joli un peu d’animation. La ville, s’est parée de tous ses fards pour célébrer le retour de la Fée Libre. 400 000 fleurs jaunes, rouges et blanches, costumes, jupons, dentelles et coiffes dansent aux sons d’instruments anciens. La tradition Occitane est à l’honneur, Bergerac fait la fête. Les tisseuses d’histoires, venues des 4 coins de l’Occitanie, étaient bien présentes, tissant tissant, les histoires d’an tant, un fils, un motif à la fois.


Il était une fois à Bergerac…de la glace au lait de ferme, café, réglisse et beurre caramel sale, quel régal, les babines salivent, les narines hument, les yeux se régalent. Les visiteurs prennent d’assaut les terrasses et stands de producteurs locaux qui se remplissent le midi et soir, la recette sera bonne. Le forgeron forge, le bois se laisse sculpter et tourner, les jeux en bois enchantent les enfants, la langue d’Oc se parle, la Dordogne  passe. 


Pour clôturer le week end, de l’autre cote du pont ancien, un orchestre de jeunes jouent des airs d’il était une fois devant les amateurs de guinguette. Les pas de danses se succèdent, les générations se retrouvent dans une succession de pas appris de grandes mères à petites filles et fils. Le fils du temps, telle de la dentelle fine,  se tisse en une rencontre au bord de l’eau, l’espace d’une ronde, autour d’un canard et d’un verre de pinard, les souvenirs se créer pour marquer nos mémoires et journaux locaux...


Merci la Fée Libre et  « Merces a totas !! » comme diraient les Occitans ! 
Et à bientôt sur un autre de ton passage!

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