Friday, May 1, 2015

Népal 2072


Ils savaient que ça allait venir. The Big One ils le nommaient. A peut prêt tous les 80 ans la terre tremble et les montagnes poussent un peu. Tous les ans la ville au 1000 temples, ça secoue, juste un peu, mais rien ne casse. On s'habitue, c'est la vie, et kie garne comme disent les népalais, que faire. Mais cette année était différente. Les scientifiques disent que ce n'est pas fini, mais personne ne sais quand cela reviendra. Ca pourrait être bientôt, une décennie, personne ne sais, mais c'est assez pour penser aux choses sérieuses de la vie.

Le jour d'avant le tremblement, je suis arrivée à Katmandou pour la 5ième convention internationale de tattoo du Népal que je visite chaque année depuis son début. Katmandou était remplie de monde, avril étant en plein dans la saison touristique et de nombreux festivals ont lieu à cette période de l'année. C'était un matin comme les autres, le genre de jour normal. On  buvait un thé à Thamel, le centre touristique de Katmandou, quand la terre a commencée à trembler. L'instinct de survie prends le dessus automatiquement. Les briques du toit en face de nous tombent dans la rue en écrasant la voiture qui passais, recouvrant le rue de débris. On se réfugie à l'intérieur du magasin d'à côté, pas d'espace ouvert proche de nous. Un couple de chinois se tiennent dans les bras, la femme pleure un peu. Mon amie et moi nous tenons les mains, pas de panique, on reste plantée là, les jambes comme collées au sol, on a pas d'autres choix que d'attendre que cela passe, la tête est vide, remplie seulement du moment. Les jambes sont comme paralysées par les secousses. Quelques secondes plus tard et la Terre arrête de trembler, mais nos jambes et nos cœurs battent encore la chamade. La voiture est vide, complètement écrasée, le conducteur a eue le temps de sortir. Nous savons que si nous marchions dans la rue quelques secondes plus tôt, une brique nous serait tombée sur le coin de la figure ou plus...

Mon amie et moi retrouvons nos esprits, on sort sur nos jambes tremblantes. Au coin de la rue, tout le bâtiment s'est écroulé. 3 magasins sous les débris, les chambres du haut ouvertes à l'air silencieux de la ville. Les passants du matin sont déjà sur le tas de briques de ce qui étais un immeuble il y a juste quelques secondes. Les mains des gens retirent les briques unes à unes, le vendeur de lait est en dessous. Mon amie et moi connaissons bien cet homme et sa famille, c'est là que nous achetons du fromage, c'est au coin du bâtiment où nous habitions. Le vendeur de légumes est sortie à temps, la femme au lait aussi. On continue d'avancer en passant les décombres et la foule qui s'agglutine, direction notre bâtiment. Grimper les 3 étages, le bâtiment est debout mais les fissures sont présentes. Fermer les bouteilles de gaz de la cuisine et de la salle de bains, ramasser nos passeport et les sous. On sort du bâtiment, les gens se regroupent dans les espaces ouverts, aussi loin des constructions qu'ils peuvent. Tout le monde est sous le choc, appeler ses êtres aimés est la première pensée. Un message passe pour ma sœur: "je suis ok", ma mère sera que je suis en vie. Après de nombreux essais, je joint mes amis népalais, je les retrouve dans le jardin où ils sont assis. Quelques touristes et des familles népalaises sont regroupés ici. Quelques après secousse nous refonds trembler, à chaque fois ramenant cette peur avec elles. Tout le monde reste calme, c'est mieux comme cela. Une heure ou 3 plus tard, nous migrons vers un autre jardin, la maison d'un ami avec une belle vue de la ville. Swanbunath est debout devant nous, une tour blanche en moins à mon temple préféré de la ville aux 1000 visages où je fais le guide parfois. Notre camp a quelques arbres, l'espace est ouvert, ce camp deviendra le notre pendant 4 jours de siège.


Les journées sont passées. Les premiers 2 jours, la capitale était complètement fermée. Tous les magasins, les guest houses, toutes les portes étaient fermées. Personne ne voulait rentrer dans un immeuble, les gens avaient peur de manger, parce que les toilettes sont à l'intérieur, ce qui veut dire danger. Les téléphone qui avaient encore de la charge nous donnaient des nouvelles du pays. Les népalais partagent les nouvelles de leurs familles. Des villages entiers sont complétement détruit, Katmandou a perdu plusieurs de ses temples, un peu de leur histoire part un peu en poussière.  Le Népal ne sera plus le même, New Népal, ils aiment à dire depuis la révolution maoïste des dernières années. New Népal est bien là.

Après les 2 premiers jours de choc, la ville commence lentement ici et là à sortir de ses camps de retranchement. Chaque nuit, on sens encore des secousses ramenant un cauchemar avec chacune d'elle, l'espace d'une seconde. On attends 24 heures sans tremblement pour se sentir un peu plus en sécurité. Dans la ville, les camps se sont organisés naturellement. Chaque nouvelle journée de camping amène un peu plus de la cuisine à l'extérieur, plus de tentes et couvertures pour protéger de la pluie. Lentement les gens commencent à sortir pour voir la situation dans la ville. Tout le monde partage leur histoire. Un jeune touriste allemand me raconte sortir 4 corps des décombres, 2 morts, 1 en vie et la dernière dans ses bras: il ne savait pas. Ces dernières 3 nuits il n'avait pas pu dormir, les images lui passant devant les yeux. Beaucoup auront besoin d'un moment pour guérir ce qu'ils ont vu. Chacun a vue quelque chose disparaître devant ses yeux, tous on perdu quelque chose ou quelqu'un. Les gens ont besoin de parler, de partager, de se sentir ensemble. Comme une seconde chance, nous sommes en vie, et c'est merveilleux d'être en vie. Maintenant c'est le temps de la guérison et de la reconstruction.


 Les jours passent au camps. J'ai finalement pu recharger mon téléphone, je parle à ma sœur en France, après 3 jours de silence, mon cœur se sent plus léger au son de sa voie. Je connais les médias, je sais qu'ils ne passent que les pires images, en oubliant trop souvent les meilleures. Ma sœur sais tout cela, mais beaucoup oublient que les médias ne sont qu'une partie de la vérité. Les images de Katmandou sont dévastantes et le dégât est grand, mais beaucoup moins que la télé le montre. Le problème sont les fissures dans les maisons, toutes ici ont une cicatrice de ce tremblement. Bien sure que la destruction est énorme dans le pays après une telle catastrophe, bien sure les gens souffrent. Mais les choses merveilleuses était de voir la rapidité avec laquelle les gens ont organisés les camps, de voir comment les gens partagent les ressources qu'ils avaient, de voir l'entraide naturelle entre les gens. De la dévastation ressort un grand esprit de solidarité, et c'est cela que les nouvelles ne montrent pas assez. C'est une des choses dont lesquelles je veux me souvenir, c'est les gens qui s'aident naturellement and instantanément.

Au camps nous avons quand même une grande chance, nous avons de l'eau, assez de nourriture et les esprit sont joyeux. Chaque nuit devient une fête, nous célébrons, nous buvons du Royal Stag, le whiskey népalais, et la  4ième nuit nous tuons 4 poulets achetés au magasins qui commencent à ouvrir. Dans d'autres camps, beaucoup n'ont pas cette chance. Les camps gouvernementaux ne distribue pas beaucoup de nourriture, sinon pas du tout, beaucoup sont laissés à eux mêmes pour se nourrir où ils peuvent. Chaque nuit notre camp accueille des personnes qui vont de camps à camps. De nombreux touristes sont dehors sans papiers ni trop d'argent, tout étant enfermé dans les chambres d'hôtels encore fermée à clefs. Les amis s'entraident comme ils peuvent. Les ambassades ouvrent leurs portes pour le camping, de nombreux sont rapatriés. L'ambassade française n'ouvre pas ses portes, elle ouvre l'école française, rations militaires et François fait la joie du camp avec une donation de 15 kilos du meilleur fromage du Népal, sa propre production. Nous laissons nos noms à l'ambassade française, sur la liste des expats en vie, mais la ligne d'urgence ne répond pas, les lignes sont occupées.


Le 3ième jour, les bus reprennent, uns à uns évacuant lentement les gens hors de la capitale. Marchant dans les rues de Katmandou, le cœur tombe un peu avec ses temples et ses souvenirs. Combien de chais, thé au lait, sur les marches des temples de Durbar Square, jamais plus. 2 temples sont tombés ainsi que d'autres dégâts. On ne peut y accéder, les militaires barre la route. Je les vois derrière les lignes de sécurité, des tas de briques rouges. Une partie de l'histoire est passée, une partie de nous avec, une nouvelle page s'ouvre. Les magasins ouvrent leurs portes, les gens marchent dans les rues, les nouvelles voyagent. Katmandou évacue.

La 5ième nuit sera la première fois que beaucoup dans la capitale, dorment à l'intérieur. Dans les villages dévastés en montagne, beaucoup camperont bien plus longtemps.
Je prends le bus tôt le matin pour Pokhara, la ville au bord du lac que j'aime tant. Les bus roulent bien, aucun problème sur la route. J'arrive à Pokhara l'après midi. Ici, il n'y à eue aucune destruction, pourtant n'étant pas loin de l'épicentre. Je suis poussiéreuse et je sens mauvais. Je marche dans les rues où tout est absolument normale. Tout est ouvert, rien n'est cassé, les gens rigole comme d'habitude, l'atmosphère est aussi léger que l'air en cette saison est chaud. J'ose monter sur mon toit, je prends une douche, je redescend pour un petit déjeuner, pas encore trop en sécurité à l'intérieur. Simple Breakfast, 2 œufs, patates, toast, beurre confiture, café ou thé. Mon préféré. Je sais que comme moi, c'est la première douche depuis un moment, un lit où dormir, nous sommes presque en sécurité.

Le Népal se réveillant du choc encore présent dans les esprits, maintenant est l'heure de la guérison et de la reconstruction. Beaucoup veulent aider, mais comment? C'est une question importante ici. Tous savent que le gouvernement reçois des millions en aide étrangère, mais combien sera dépensé où l'argent est vraiment nécessaire, c'est une autre question. Des millions seront perdu dans la corruption totale des dirigeants, comme d'habitude quelques gouttes tomberons dans la bouche des gens. Mais cette année le pays en a encore plus besoin que normalement. Les népalais grondent, c'est aussi un tournant politique ou le gouvernement incapable d'écrire une constitution depuis les 6 ans que le roi a étais remplacé par un gouvernement devra répondre au pays. Les grosses NGO's c'est pareil, on fait plus trop confiance, ils donnent trop à ce gouvernement en lequel plus personne n'a confiance.

Alors les népalais s'organisent eux mêmes, prenant les choses dans leur propres mains. De notre coté nous avons créer une boite de donation Funky Buddha Hands, et la page facebook pour aller avec,  pour distribuer directement aux gens autour de nous. Le Népal aura une année difficile, on le sais, mais les népalais sont forts et ils feront ce qu'ils ont à faire. La saison touristique, le plus gros revenue du pays, sera pratiquement inexistante, pas de sous pour le reste de l'année. Tous les sous vont sortir des poches, sans grande rentrée. Tout l'argent ira pour reconstruire. Les népalais à l'étranger enverront ce qu'ils peuvent de plus aux familles sur place. Dans un mois, la mousson arrive, ce qui veut dire glissement de terrain habituels, d'autres villages disparaitrons, comme chaque année. Ce sera une dure année et plus mais je sais que tout le monde fera de son mieux d'ici ou de là bas, et le Népal n'en sortira que plus fort, j'espère. Si beaucoup de temples sont partis, nous garderons le souvenir, et nous reconstruirons des nouvelles mémoires, ainsi va la vie, kie garne. Le Népal continue à vivre, de la gratitude plein le cœur pour le support des familles et des amis. Maintenant c'est l'heure au travail.

Ceci est mon premier post depuis les événements de 2072, année locale. 25 avril 2015. Je continuerais d'écrire et de partager les nouvelles.
Merci de partager :)
Photos 2 et 3 de Sunil Gautam.

Article en anglais, avec d'autres photos ici.

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