Sunday, October 6, 2013

Châteaux de sable




Face à la mer, l’horizon s’étale à perte de vue. Cette ligne de démarcation entre Terre et Mer est une ligne droite, aussi droite que nos yeux  puissent dessiner une ligne. Près de la mer, les vagues flippent et floppent, elles vont et viennent…aux creux de tes reins, comme chantait le grand poète français Gainsbourg. Ce chant de la mer, cet horizon lointain, ces bleus à n’en plus finir, je les aime. Cette ligne bleue est une de mes lignes préférée sur la Terre, cette ligne bleue ou le ciel semble rejoindre la Terre, sans jamais s’y mélanger, devenant Un avec Elle, cette ligne me fait du bien. Si l’on dit que la beauté nourrie l’Ame, si je croyais en une Ame, alors, je nourris mon Ame de beauté, je panse mes bleus...



Si beaucoup de traditions nous parlent des montagnes comme étant un lieu de ressourcement, un lieu propice à l’illumination, c’est de l’horizon de la mer dont je vais aujourd’hui parler. Si ces traditions recommande les hautes cimes pour la méditation, le silence et la beauté, alors je dirais que c’est tout simplement parce que ces auteurs n’avaient jamais goûté aux délices de la mer. Telle Aphrodite sortant de l’eau, la Terre surgit, les îlots se forment et se déforment aux grès des vagues, les continents se déchirent, se croisent et s’entrechoquent. De ce choc, les montagnes naissent, grandes et belles, elles iront parfois jusqu'à toucher le ciel. Puis, elles vieilliront, elles aussi, elles se ratatineront, laissant derrière elles des monts et vallées, des souvenirs d’une grandeur d’il était une fois.



J’aime la mer, car les vagues offrent une méditation parfaite de ce constant changement qu’est la vie. Les vagues telles nos pensées vont et viennent, toujours retournant à la mer, faisant Un et Un seul avec l’océan de l’esprit. Chaque vague comme une pensée, fortes et douces, puissante, furieuse ou bien lente et sure d’elle-même, la pensée va et vient, imperturbable dans son impermanence. Un concept bien bouddhiste, l’impermanence nous nargue du haut de ses milles visages. Jamais, jamais nous ne pouvons répéter la vie, nouvelle toujours elle demeurera, ainsi va la vie. 




La rencontre de la Terre et du Ciel, cette histoire d’amour tant imaginée par les poètes et les sages, cette rencontre a lieu sur toutes les lignes d’horizon. Alors, je marche, je marche le long de la cote, j’écoute la mer me murmurer ses secrets d’éternel renouvellement, moi aussi je fais ma poète à 2 sous. Il était une fois, ainsi soit il, et ils vécurent heureux pour la vie, qu’elle raconte la mer. Laisse tomber tes soucis et tes ennuis, l’espace d’un instant profite, respire cet air d’iode et de vie marine, respire, qu’elle me dit la mer. 




Flip flop, les vagues font l’amour au sable, l’eau efface tout sur son passage. L’eau ne fait aucunes différences entre les choses, elle fera tout fondre. Les marques de pieds s’évanouissent, il n’y a plus rien que cette ligne d’horizon, il n’y a plus rien que la rencontre du Ciel et de la Terre. Droite, parfaite, la ligne sépare le rêve de la réalité, elle sépare la Vérité ultime de la vérité conventionnelle, elle devient Prajna. Toutes nos idées jusqu’aux plus grandes, s’évanouiront elles aussi, comme les pieds de pas sur le sable. Nos œuvres les plus hautes, nos cathédrales, temples et religions, ne sont que des châteaux de sables, qui eux aussi, s’en iront avec les vagues. Nos politiques, nos modes, et tout ce charabia, cela aussi changera. Alors à quoi bon jouer ce jeux qui ne m’intéresse que si peu. Respire, respire chantent les vagues. Ouvre tes poumons à la vie, à sa grandeur et beauté que tous les poètes du monde ne mettront jamais tout à fait sur papier. 



Sur le papier, des pieds de mouettes se posent, des petites marques, des phrases peignent l’horizon, des histoires recueillent un passé toujours en transformation. Les zéros d’hier seront les héros de demain, pour être effacés a leur tour le sur lendemain. Rien rien, ne restera de tout cela, rien que des souvenirs, eux aussi changeants avec les saisons. Alors je marche, je suis mes pas qui me guident, seule ou avec Toi, cela n’a aucune importance, puisque tu est toujours une part de Moi. Toi, Moi, Nous, je ne sais plus qui nous sommes, je ne sais plus qui je suis, n’y si même tout cela n’était pas qu’un rêve. Alors je marche dans le monde souterrain de mes songes, je marche avec les vagues. Je laisse la beauté me remplir de joie/tristesse…on appellera cela de la béatitude, on dira que c’est la félicité.





Si les sages nous parlent d’illumination, alors je parle de châteaux de sable, car l’illumination me semble bien remplie de vide, il n’y a plus rien que des pas sur une plage, rien que des mouettes rieuses de nos drames et états d’Ames. Les mouettes, elles le savent bien, comme le poisson qu’elle mange, après tout cela on ira se faire une bonne bouffe. Moules frites ou crêpes cidre, on refera le monde pour mieux le regarder tomber à l’eau, un grain de sable à la fois. A l’assaut moussaillon, assez de béatitude béate, la sortie sur l’île est finie. On remonte à bord, direction nulle part, direction ou on veut…
Direction l’inconnu…car las bas, las bas, il y a des châteaux de sables à construire, des vagues à dessiner, et des chansons à danser. La liberté, l’amour et tout ses gros mots ne sont que des vagues qui vont et viennent entre mes riens…amis poètes, gardiens de mes nuits, je vous aime, presque autant que ces vagues, qui vont et qui viennent, presque autant que la vie qui se déchire et se reforme. Une île à la fois, un pas après l’autre…on arrête les brèves de comptoirs, on laisse les philosophes sur leur île d’idées et de pensées, et on avance, direction le moment, car après tout…en s’en fout que tout parte et revienne, on s’en fout des poètes et autres zallumés. On avance, parce que c’est comme ça ! Et puis dans le fond..j'aime bien jouer;)

Photos prises entre les Sables D'or les Pins et Saint Lunaire, Cote d'Armor, Bretagne.

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