Face à la mer,
l’horizon s’étale à perte de vue. Cette ligne de démarcation entre Terre et Mer
est une ligne droite, aussi droite que nos yeux puissent dessiner une ligne. Près de la mer,
les vagues flippent et floppent, elles vont et viennent…aux creux de tes reins,
comme chantait le grand poète français Gainsbourg. Ce chant de la mer, cet
horizon lointain, ces bleus à n’en plus finir, je les aime. Cette ligne bleue
est une de mes lignes préférée sur la Terre, cette ligne bleue ou le ciel
semble rejoindre la Terre, sans jamais s’y mélanger, devenant Un avec Elle, cette
ligne me fait du bien. Si l’on dit que la beauté nourrie l’Ame, si je croyais
en une Ame, alors, je nourris mon Ame de beauté, je panse mes bleus...
Si beaucoup de
traditions nous parlent des montagnes comme étant un lieu de ressourcement, un
lieu propice à l’illumination, c’est de l’horizon de la mer dont je vais
aujourd’hui parler. Si ces traditions recommande les hautes cimes pour la méditation,
le silence et la beauté, alors je dirais que c’est tout simplement parce que
ces auteurs n’avaient jamais goûté aux délices de la mer. Telle Aphrodite
sortant de l’eau, la Terre surgit, les îlots se forment et se déforment aux grès
des vagues, les continents se déchirent, se croisent et s’entrechoquent. De ce
choc, les montagnes naissent, grandes et belles, elles iront parfois jusqu'à
toucher le ciel. Puis, elles vieilliront, elles aussi, elles se ratatineront,
laissant derrière elles des monts et vallées, des souvenirs d’une grandeur d’il
était une fois.
J’aime la mer,
car les vagues offrent une méditation parfaite de ce constant changement qu’est
la vie. Les vagues telles nos pensées vont et viennent, toujours retournant à
la mer, faisant Un et Un seul avec l’océan de l’esprit. Chaque vague comme une
pensée, fortes et douces, puissante, furieuse ou bien lente et sure d’elle-même, la
pensée va et vient, imperturbable dans son impermanence. Un concept bien
bouddhiste, l’impermanence nous nargue du haut de ses milles visages. Jamais,
jamais nous ne pouvons répéter la vie, nouvelle toujours elle demeurera, ainsi
va la vie.
La rencontre de
la Terre et du Ciel, cette histoire d’amour tant imaginée par les poètes et les
sages, cette rencontre a lieu sur toutes les lignes d’horizon. Alors, je
marche, je marche le long de la cote, j’écoute la mer me murmurer ses secrets
d’éternel renouvellement, moi aussi je fais ma poète à 2 sous. Il était une
fois, ainsi soit il, et ils vécurent heureux pour la vie, qu’elle raconte la
mer. Laisse tomber tes soucis et tes ennuis, l’espace d’un instant profite,
respire cet air d’iode et de vie marine, respire, qu’elle me dit la mer.
Flip flop, les
vagues font l’amour au sable, l’eau efface tout sur son passage. L’eau ne fait
aucunes différences entre les choses, elle fera tout fondre. Les marques de
pieds s’évanouissent, il n’y a plus rien que cette ligne d’horizon, il n’y a
plus rien que la rencontre du Ciel et de la Terre. Droite, parfaite, la ligne sépare
le rêve de la réalité, elle sépare la Vérité ultime de la vérité conventionnelle, elle devient Prajna. Toutes nos idées
jusqu’aux plus grandes, s’évanouiront elles aussi, comme les pieds de pas sur
le sable. Nos œuvres les plus hautes, nos cathédrales, temples et religions, ne
sont que des châteaux de sables, qui eux aussi, s’en iront avec les vagues. Nos
politiques, nos modes, et tout ce charabia, cela aussi changera. Alors à quoi bon jouer ce jeux qui ne m’intéresse que si peu. Respire,
respire chantent les vagues. Ouvre tes poumons à la vie, à sa grandeur et beauté
que tous les poètes du monde ne mettront jamais tout à
fait sur papier.
Sur
le papier, des pieds de mouettes se posent, des petites marques, des phrases peignent
l’horizon, des histoires recueillent un passé toujours en transformation. Les zéros
d’hier seront les héros de demain, pour être effacés a leur tour le sur lendemain. Rien
rien, ne restera de tout cela, rien que des souvenirs, eux aussi changeants avec
les saisons. Alors je marche, je suis mes pas qui me guident, seule ou avec
Toi, cela n’a aucune importance, puisque tu est toujours une part de Moi. Toi,
Moi, Nous, je ne sais plus qui nous sommes, je ne sais plus qui je suis, n’y si
même tout cela n’était pas qu’un rêve. Alors je marche dans le monde souterrain
de mes songes, je marche avec les vagues. Je laisse la beauté me remplir de
joie/tristesse…on appellera cela de la béatitude, on dira que c’est la félicité.
Si
les sages nous parlent d’illumination, alors je parle de châteaux de sable, car
l’illumination me semble bien remplie de vide, il n’y a plus rien que des pas
sur une plage, rien que des mouettes rieuses de nos drames et états d’Ames. Les
mouettes, elles le savent bien, comme le poisson qu’elle mange, après tout cela
on ira se faire une bonne bouffe. Moules frites ou crêpes cidre, on refera le
monde pour mieux le regarder tomber à l’eau, un grain de sable à la fois. A l’assaut moussaillon, assez de béatitude béate, la sortie
sur l’île est finie. On remonte à bord, direction nulle
part, direction ou on veut…
Direction l’inconnu…car las bas, las bas, il y a des
châteaux de sables à construire, des vagues à dessiner, et des chansons à danser. La liberté,
l’amour et tout ses gros mots ne sont que des vagues qui vont et viennent entre
mes riens…amis poètes, gardiens de mes nuits, je vous aime, presque autant que
ces vagues, qui vont et qui viennent, presque autant que la vie qui se déchire
et se reforme. Une île à la fois, un pas après l’autre…on
arrête les brèves de comptoirs, on laisse les philosophes sur leur île d’idées
et de pensées, et on avance, direction le moment, car après tout…en s’en fout
que tout parte et revienne, on s’en fout des poètes et autres zallumés. On
avance, parce que c’est comme ça ! Et puis dans le fond..j'aime bien jouer;)
Photos prises entre les Sables D'or les Pins et Saint Lunaire, Cote d'Armor, Bretagne.
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