Friday, August 15, 2014

Nano


Une chambre, vide, remplie de souvenirs, des choses mortes, presque immatérielles, sauf qu'elles sont de quoi toute chose sont faite. Un gros bouddha chinois, doré au plastique, des plumes de paons dans un vase. Quelques livres de voyage, un poster sur un mur: Travellers Magicians: the bitter and the sweet of temporary things par Kyentsa Norbu, un script tibétain. Un coté de la chambre est peinte par les années de l'eau qui s'infiltre, des taches abstraites décollent la peinture du mur. Des canvas sont rangés dans un coin, au sol un tapis vert comme du gazon artificiel. Dans un autre coin une boite en metal, 2 noms écrits dessus, des noms qui me rapelle quelque chose, une vieille histoire peut etre. Dehors, les premiers rayons du soleil passe la fenètre. Le temps que j'écrive ces quelques lignes et la maison se réveille lentement, les toits de la ville s'animent de femmes qui lavent, le linge, la vaisselle, les cheveux, elles lavent. Dehors, les cris monotones des vendeurs de légumes résonnent, ils passent, patates, oignons, aubergines, et courgettes dans le sac de leurs vélos magasins.



Dehors, le ron ron du générateur qui ne s'arrète jamais est partout, les chiens dans les rues braillent leur mort dans le vide, les klaxonnes jaccassent entre eux dans un dialogue de sourd. Tout cela, on ne l'entend plus, les bruits deviennent le silence de la vie de tous les jours. Au sol, la boue, toujours la boue, les trous dans la route remplie de boue, des giclées de boue qui éclaboussent quand une voiture passe, la bloue est partout comme une colle maronatre qui soude les choses ensemble par peur que si les choses etaient laissées à elle meme, elles s'évaporeraient dans le néant.  La boue améne avec elle des pans de montagnes, des routes, des maisons, des vies humaines. Elle créer des nouveaux lacs. Puis elle s'évapore, comme tout le reste. C'est la saison des pluies, le riz sourie, la nature est verte, elle brille de ces 1000 facettes.


Dans les rues, rien ne change, jamais. Depuis des siècles ou des millénaires, personne ne le sera jamais. Les memes rituels se répetent, patiement, interminablement, inlassablement, machinalement, encore et encore. La plupart des gens ne savent plus ce que sont ces rituels, ce qu'ils veulent dire, ou bien leur origines. A quoi bon d'ailleurs, les rituels occupent et pendant ce temps on n'a pas le temps de se poser des questions auxquelles on ne pourraient pas répondre de toute facon, pour la simple raison qu'il n'y a pas de réponses alors plus de questions. On répète, patiement, machinalement, inlassablement, interminablement. Tant que la machine aura des piles, le monde restera exactement comme il était hier, et ca c'est rassurant, alors on prie pour que rien ne change, jamais. Les batiments se construisent sans se finir à la sueur de gamins et femmes portant des sacs de sables et briques pour un bol de riz. Seul quelques immeubles amènent un air de nouveauté, des batiments tout de verres venus du futur, des batiments faits d'argent de l'autre monde. A coté, les machines à coudre soudent les habits bon marchés qui iront à l'autre monde. Le générateur ronronne, je l'entends qui ricanne de son bruit méchanique.


Ici, la fin du monde aurait pue avoir lieu bien desfois déjà, personne ne le serait car le monde est un rève lointain que peut ici verront, bien loin d'ici, c'est l'autre monde, pourtant si proche en meme temps grace au générateur. Les fins du monde, personne ne s'en souviendrait, car personne ne serait meme qu'elles ont eue lieu. Seul se souviendraient quelques érudits et autres illuminés lisant de vieux grimoires couverts de nano dust. Ils écriraient alors des prières qui rentreraient dans le moulin, les vieilles histoires deviendront les mantras chantés tous les jours par les gens d'ici. Ici, rien ne change, jamais, ou si peu. Le temps que la folie du monde rattrape les gens d'ici, un monde est fini et un autre recommence. Ici, pas de fin ni de commencement, ici, c'est ici, c'est tout. Un moment interminable qui s'étire comme si le temps n'avait pas encore était inventé. Ce qui exitait existera toujours, et ce qui n'existe pas n'existera jamais.

Dans la rue, la vie vogue. Les hommes boivent du chai, les femmes habillées de couleures vives comme des fleurs vont ici et là. D'autres restent sagement assises derriere les quelques légumes qu'elles possèdent, une dizaine de comcombres, tomates ou patates, le tout bien rangé sur un bout de tissu servant d'étalage à meme le sol. Le bazaar, le marché, c'est tous les jours. Le bazaar c'est la vie, on échange, on marchande, on boit du chai, on est ensemble dans le ron ron général, des klaxons et des chiens qui survivent avec 2, 3 bouts de rien du tout. Ici, personne ne sais jamais rien, on se souvient de rien, on oublie, le temps se fige. Tout devient souvenir, un moment qui passe, c'est la vie, il faut bien l'occuper à quelque chose.


Au loin, les montagnes se perdent dans le brouillard de la pollution. Mont Ganesh, je suis de retour dans l'Himalaya aprés presque 2 ans en France. Un retour, je devrais plutot dire un tour, car il n'y a pas de retour possible, jamais. Si les gens d'ici croient que les prières peuvent figer les choses dans le temps, moi je n'y croit plus. Je ne croie plus qu'en un changement perpetuel qui se répète, patiement, interminablement, inlassablement, machinalement, encore et encore. Ce ne sont pas les choses qui changent, ni les gens. C'est tout qui change, la vie comme une permanente mutation ou memes les morts n'ont de repos, eux aussi des souvenirs, nano nano, tout est nano, jusqu'aux chiens dans la ville qui hurlent le cri de la survie aux dieux qui ne se préoccupent qu'eux d'eux memes.
La boite dans le coin de la chambre me revient. Je me souviens des noms écrits dessus. A l'intérieur, une couverture d'avion, quelques fripes, des peintures. Le tout sent le moisi, 2 saisons dans l'humidité de la saison des pluies déjà. Les noms écrits sur la boite sont le mien et celle d'un homme que j'ai aimais. Je suis ici pour une histoire banale, une histoire comme les autres. Je suis ici pour une histoire sans fin ni commencement, quelque chose du style écrit dans les étoiles, sauf que je sais maintenant que les étoiles sont mortes depuis bien longtemps. C'est donc à moi d'écrire mon histoire et je me souviens pourquoi je suis ici:  je suis ici pour une histoire d'amour.
Welcome to Kathmandu...

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