Si je n’ai jamais
comprise comment on peut choisir une forme de dieux par rapport a une autre
forme, alors je mettrais ces choix sous des signes d’une certaine crise identitaire. Un peu comme une équipe de football, comme un mouvement
artistique, une race, une nation ou bien la politique, l’être humain aime se
sentir faisant partie d’un groupe. Le groupe lui fait oublier sa condition
solitaire, seul face au vide, face à ses peurs et incertitudes. Le groupe nous
relient avec les autres, le groupe nous fait sentir moins seul. Si le groupe peut
prendre des dérives terribles, jusqu'à se battre pour une forme d’un dieux par
rapport à une autre forme, ce même groupe peut aussi réaliser des miracles de bonté
et d’entraide...
La religion,
c’est comme le mariage de l’humanité avec ses idées, et le mariage c’est pour
le meilleur et pour le pire. Bien sur, on peut toujours divorcer, se séparer
des idées qui ne nous conviennent plus. On change d’équipe de foot comme on
change de dieu, on joint un nouveau partie politique, c’est comme la mode, ça
aussi ça passera. Le tout est de remettre sa vie dans les mains d’un groupe, un
groupe qui nous définit en tant qu’individu, un groupe qui nous donnent des
réponses et mêmes des choses a faire. Les groupes représentent des opinions, et
les opinions, c’est comme un trou du cus, on en a tous un. Quand a se séparer
du groupe? Désole, mission Impossible. Que l’on le veuille on non, on fait tous
partie du groupe. Vaut mieux se faire à l’idée que notre solitude est peut être
bien ce qui nous relient entre nous le plus.
Pourtant, à la
fin de la journée, ce qui restera, sera nous-mêmes, face à nous-mêmes, face à
notre seul juge qui demeure la conscience de chacun, seul face à notre
condition humaine. Et ça, c’est à chacun de nous de gérer son soi intérieur,
seul parmi tant d’autres, seul face à nos actions et leurs conséquences. Seul
dans notre solitude absolue, malgré les dieux, les gurus, les partis politiques
et autres échappatoires. Personne, non, personne ne peut faire face à cette
chose terrible et merveilleuse qu’est la condition humaine, personne d’autre
que nous-mêmes. Il y en a qui croient même que certains êtres n’ont pas de
conscience, mais cela, je n’en suis pas si sure. La conscience, même si bien
endormie au creux de nos reins, un jour fera surface, comme le serpent ou le kundalini,
appeler cela comme vous le voudrez, mais rien, non rien, ne peut stopper la
nature de faire son travail ancestral. Bien sure, les humains font partie de cette grande
nature, mais ils sont si petits, si ignorants face à ce monstre qu’est la vie,
que parfois je me demande pourquoi même je me pose des questions que je sais
sans réponses. On appellera ça des brèves de comptoirs, on refait le monde avec
un verre, et demain sera demain. On discute, c’est tout, on partage nos
opinions, on communie avec le groupe.
Si y’en a qui
vont chercher le paradis et l’enfer dans des mondes prochains, j’aimerais bien
avoir eue cette chance, car dans mon monde à moi, y’a qu’un immédiat, un long
maintenant, une sorte de retour éternel et permanent. Et si retour éternel il y
a, que ce soit dans une vie ou dans plusieurs, alors, mieux vaut se créer un
retour que l’on apprécie, des intentions auxquelles se tenir.
Dans mon monde à
moi, y’a pas de monde prochain, y’ à que l’ouroboros qui se mord la queue. Pas
de nouvelle création, non, mais du recyclage à l’infini. Les physiciens nous
disent qu’il n’y a pas de nouvelles matières dans l’univers, chacun ses mots et
équations pour arriver a cette conclusion. Et puis, même l’ouroboros des
alchimistes n’est qu’une image parmi tant d’autres. Les images, les mots
semblent nous ramener à un paradoxe, un paradoxe qui n’en finit pas de muter sa
peau devant nos yeux. Car au summum de la pensée, tout s’évapore. Les raisons,
les ego, les moi et les toi, si l’on creuse assez on ne trouve plus rien que la
vie qui elle demeure dans son mystère le plus profond…
Alors, pour
tenter d’éclaircir ce mystère, on se raconte des histoires. Les histoires,
elles nous rassemblent, elles nous séparent, mais après tout, c’est cela qui
reste. Quand il n’y a plus rien, il y a toujours des histoires nouvelles à écrire
et à vivre. Quand il n’y a plus rien, il y a toujours de l’espoir, cette petite
chandelle qui nous guide à travers les ténèbres. C’est ça aussi la religion, de
se sentir une infime partie d’un grand tout, ce grand tout qui demeure bien mystérieux,
dont on ne peut rien et tout dire, comme pour le tao des sages chinois. Des grains de sable que nous sommes, chacun une petite part a jouer, alors on danse
avec la vie. La vie qui elle s’en fout royalement de nos petits états d’âmes,
car la vie, elle, elle est, tout simplement. On appellera cela de l’Art, on
fera du yoga et les jours passeront sur une petite planète qui tourne encore et
encore…ainsi va la vie. Chacun sa crise identitaire, chacun son délire personnel,
chacun son voyage, chacun ses histoires à raconter. Car à travers nos histoires, c'est bien du partage dont on parle, et le partage c'est bien lui qui nous fait sentir un peu moins seul sur cette terre qui tourne et qui tourne. Y'a aucune histoires qui soient vraies ou fausses, y'a pas de vérité, y'a que des choses a se raconter au coin du feu, des trucs qui nous font rirent, penser ou pleurer, mais des choses qui nous font être ensemble, l'espace d'un temps...
Photos prises en Inde, Kerala, Verkala.
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