Sunday, November 17, 2013

Religion et crise identitaire 2



Si je n’ai jamais comprise comment on peut choisir une forme de dieux par rapport a une autre forme, alors je mettrais ces choix sous des signes d’une certaine crise identitaire. Un peu comme une équipe de football, comme un mouvement artistique, une race, une nation ou bien la politique, l’être humain aime se sentir faisant partie d’un groupe. Le groupe lui fait oublier sa condition solitaire, seul face au vide, face à ses peurs et incertitudes. Le groupe nous relient avec les autres, le groupe nous fait sentir moins seul. Si le groupe peut prendre des dérives terribles, jusqu'à se battre pour une forme d’un dieux par rapport à une autre forme, ce même groupe peut aussi réaliser des miracles de bonté et d’entraide...



La religion, c’est comme le mariage de l’humanité avec ses idées, et le mariage c’est pour le meilleur et pour le pire. Bien sur, on peut toujours divorcer, se séparer des idées qui ne nous conviennent plus. On change d’équipe de foot comme on change de dieu, on joint un nouveau partie politique, c’est comme la mode, ça aussi ça passera. Le tout est de remettre sa vie dans les mains d’un groupe, un groupe qui nous définit en tant qu’individu, un groupe qui nous donnent des réponses et mêmes des choses a faire. Les groupes représentent des opinions, et les opinions, c’est comme un trou du cus, on en a tous un. Quand a se séparer du groupe? Désole, mission Impossible. Que l’on le veuille on non, on fait tous partie du groupe. Vaut mieux se faire à l’idée que notre solitude est peut être bien ce qui nous relient entre nous le plus.



Pourtant, à la fin de la journée, ce qui restera, sera nous-mêmes, face à nous-mêmes, face à notre seul juge qui demeure la conscience de chacun, seul face à notre condition humaine. Et ça, c’est à chacun de nous de gérer son soi intérieur, seul parmi tant d’autres, seul face à nos actions et leurs conséquences. Seul dans notre solitude absolue, malgré les dieux, les gurus, les partis politiques et autres échappatoires. Personne, non, personne ne peut faire face à cette chose terrible et merveilleuse qu’est la condition humaine, personne d’autre que nous-mêmes. Il y en a qui croient même que certains êtres n’ont pas de conscience, mais cela, je n’en suis pas si sure. La conscience, même si bien endormie au creux de nos reins, un jour fera surface, comme le serpent ou le kundalini, appeler cela comme vous le voudrez, mais rien, non rien, ne peut stopper la nature de faire son travail ancestral. Bien  sure, les humains font partie de cette grande nature, mais ils sont si petits, si ignorants face à ce monstre qu’est la vie, que parfois je me demande pourquoi même je me pose des questions que je sais sans réponses. On appellera ça des brèves de comptoirs, on refait le monde avec un verre, et demain sera demain. On discute, c’est tout, on partage nos opinions, on communie avec le groupe.



Si y’en a qui vont chercher le paradis et l’enfer dans des mondes prochains, j’aimerais bien avoir eue cette chance, car dans mon monde à moi, y’a qu’un immédiat, un long maintenant, une sorte de retour éternel et permanent. Et si retour éternel il y a, que ce soit dans une vie ou dans plusieurs, alors, mieux vaut se créer un retour que l’on apprécie, des intentions auxquelles se tenir.
Dans mon monde à moi, y’a pas de monde prochain, y’ à que l’ouroboros qui se mord la queue. Pas de nouvelle création, non, mais du recyclage à l’infini. Les physiciens nous disent qu’il n’y a pas de nouvelles matières dans l’univers, chacun ses mots et équations pour arriver a cette conclusion. Et puis, même l’ouroboros des alchimistes n’est qu’une image parmi tant d’autres. Les images, les mots semblent nous ramener à un paradoxe, un paradoxe qui n’en finit pas de muter sa peau devant nos yeux. Car au summum de la pensée, tout s’évapore. Les raisons, les ego, les moi et les toi, si l’on creuse assez on ne trouve plus rien que la vie qui elle demeure dans son mystère le plus profond…



Alors, pour tenter d’éclaircir ce mystère, on se raconte des histoires. Les histoires, elles nous rassemblent, elles nous séparent, mais après tout, c’est cela qui reste. Quand il n’y a plus rien, il y a toujours des histoires nouvelles à écrire et à vivre. Quand il n’y a plus rien, il y a toujours de l’espoir, cette petite chandelle qui nous guide à travers les ténèbres. C’est ça aussi la religion, de se sentir une infime partie d’un grand tout, ce grand tout qui demeure bien mystérieux, dont on ne peut rien et tout dire, comme pour le tao des sages chinois. Des grains de sable que nous sommes, chacun une petite part a jouer, alors on danse avec la vie. La vie qui elle s’en fout royalement de nos petits états d’âmes, car la vie, elle, elle est, tout simplement. On appellera cela de l’Art, on fera du yoga et les jours passeront sur une petite planète qui tourne encore et encore…ainsi va la vie. Chacun sa crise identitaire, chacun son délire personnel, chacun son voyage, chacun ses histoires à raconter. Car à travers nos histoires, c'est bien du partage dont on parle, et le partage c'est bien lui qui nous fait sentir un peu moins seul sur cette terre qui tourne et qui tourne. Y'a aucune histoires qui soient vraies ou fausses, y'a pas de vérité, y'a que des choses a se raconter au coin du feu, des trucs qui nous font rirent, penser ou pleurer, mais des choses qui nous font être ensemble, l'espace d'un temps...

Photos prises en Inde, Kerala, Verkala.

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