Friday, June 28, 2013

Bergerac 2


Un dimanche. Ciel grisâtre, on se décide quand même pour une marche dans la ville. Traverse le pont, fait le tour, on marche Bergerac. Croise pas un humain, y a juste personne en vue. J'en viens à me demande si on n'est pas arrivé dans une ville fantôme. Ou sont les gens? Pourtant il y a des voitures qui roulent, des magasins fermés, il doit bien y avoir du monde quelque part! Mais non, les rues sont toutes aussi vides les unes que les autres. Bétons, jardins, maisons, tout est vide. Pour finir la marche du dimanche, on passe par la petite rue touristique. Quelques restaurants, des tables dehors, sous les yeux de Cyrano. Ici, il y a quelques touristes, des retraités, des gens grisonnants, quelques jeunes, 1 mec tout seul mendie à la sortie de l'église, la clope au bec.



On rentre dans une galerie, histoire de voir de l'art. Il y a de jolies choses, peintures et autres sculptures, de très jolies choses même.
"Y'a pas grand monde dans les rues" je dis à la dame de la galerie, histoire de faire un peu la conversation. "C'est les 3 mois les pires qu'on n'a jamais eues. Ça à jamais étais à ce point mort" elle dit. La conversation est entamée, allons-y, voyons ce qui se passe par ici.
"Les gens savent pas comment ils vont finir l'année" elle continue d'un air un peu abattu. "Mais y sont ou les gens?" je demande.
"Je ne sais pas. Pourtant les hôtels affichent tout plein. Peut-être que les gens prennent juste la voiture d'un endroit à un autre, mais ne marchent pas."


Peut-être que c'est ça oui. Et puis ce temps de merde, du gris, entre quelques rayons de soleil qui se battent en duel d'ombre et de lumière. On parle un peu d'art, c'est toujours plus gai que la réalité. Je découvre le travail d'Emanuel Michel, qui exposera le mois prochain dans la ville. De superbes peintures a l'huile, du voyage plein la gueule, des lignes dures, droites et épurées, une belle force dans le geste. Une certaine purité des lignes, c'est beau, y' a rien à dire que: silence, c'est beau, on se laisse transporter, c'est tout et ça suffit.



Puis la conversation revient sur la vie de tous les jours:
"au moins le truc de bien c'est que quand on est au fond du trou, y a plus qu'à remonter" la dame de la galerie dit. On ricane, de ce rire convenu, on se répète que tout ira bien. Ça ne peut pas aller pire de toute façon, on se dit pour se rassurer. Et pourtant...et pourtant...les signes "à louer", "à vendre" sont sur 1 maison sur 5. Je me pose des questions. La crise, toutes ces foutaises de télé, c'est des conneries bien sure. La télé montre toujours la crise, ça fout la frousse, et pendant ce temps on ne pense pas, frigorifié, il n'y a qu'à prendre plus de crédits et tout ira bien, et patati et patata, crise de propagande, crise de production d’idées originales. Pas de télé, ça vaut mieux, ça fait combien d'années déjà sans télé? J'oublie, encore un objet de musée, mort, finie, quand j’étais gamine y'en avais une à la maison. Et puis y a assez de pollution dans mon assiette. Ils ont tout pollué, ces saloperies de médias, dictateur du bien et du mal,  de ce qui faut faire, de ce qui faut pas faire, tout, jusqu’à nos pensées ils salissent. Tout vendu au meilleur acheteur. On est tous un peu putes des fois à ce qui parait, et y'en a plus que d'autres. Je coupe le contact, ça vaut mieux, vais me choisir ma pollution sur mesure. Allez, je me lance, vais écrire comme je pense, assez d'essayer d’être trop gentille et toutes ces foutaises, et puis suis même pas payer pour tout ça, alors...



Changements d'économies, ça c'est tout le temps. C'est ça la crise, c'est le changement permanent, alors qu'on aimerait tant que les choses se figent dans le temps, qu'elles stoppent de bouger, juste pour une minute au moins. Mais non, les choses changent, y'en a même qui disent que les choses s'accélèrent. Encore des foutaises de médias de pseudos intellos vendant du papier toilette au peuple en soif de drame facile et bon marché. 


Le temps s'en fout, de tout, de vous et de moi. 
Le temps...il s'en fout, c'est tout. 
Silence, on se laisser transporter, y a même des oiseaux qui gazouillent au loin. Une marche autour du lac de Pombonne, des sourires échangés avec des rires, on mange et on échange, on se laisse transporter, un peu de Bordeaux pour arroser le canard, on fait le Périgord. Fête de la musique, de la musique, pizzas, et la ville se décore pour la fête de l'Occitane...y'a des gens quand même!
Et le temps, lui s'en fout, c'est tout et ça suffit....

Lecture du moment: 
Maurice Dantec avec Grande Jonction, et Alexandro Jorodowsky et le Théâtre de la Guérison.

No comments:

Post a Comment